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Du 20 mars au 30 avril 2023

Exposition à la Médiathèque, Loos-en-Gohelle

Anne Frank, un nom ancré dans l'histoire actuelle

Elle était une fille de son âge comme les autres. Gentille, souriante, rêveuse, amoureuse de la vie… Dans son journal intime, Anne Frank a laissé un témoignage fort pour les générations futures faisant d'elle un symbole vivant de l'histoire dramatique de la Shoah. Celle de tout un peuple odieusement persécuté au nom de l'idéologie hitlérienne. Près de six millions de Juifs auront été exterminés pendant la Seconde Guerre mondiale. 

Visible du 20 mars au 30 avril 2023 à la Médiathèque de Loos-en-Gohelle, l'exposition Anne Frank, une histoire d'aujourd'hui, prêtée par la maison Anne Frank d'Amsterdam, retrace en images et photographies inédites le portrait singulier de celle qui incarne aux yeux de tous les jeunes l'espérance même de vivre. Pour que l'on n'oublie jamais…    

L'exposition revient sur la vie tragique d'Anna Frank (1929-1945). 

                                                                             Photographie : avec l'aimable autorisation de la Médiathèque de Loos-en-Gohelle.

Anne Frank naît de parents juifs le 12 juin 1929 à Francfort-sur-le-Main en Allemagne. Elle grandit dans l'entourage familial au côté de son père Otto, sa mère Edith et sa sœur aînée Margot. Otto Frank est employé de banque. Dans un contexte de crise économique et de montée en puissance du nazisme, la famille Frank se réfugie aux Pays-Bas après l'accession de Hitler au poste de chancelier d'Allemagne en janvier 1933. Opekta est le nom de la société que dirige Otto, celle-ci étant spécialisée dans la production de confitures. Anne apprend la langue néerlandaise. 

Le 10 mai 1940, les Allemands envahissent les Pays-Bas. Les Juifs sont recensés et persécutés. Le port de l'étoile jaune est obligatoire pour tous les enfants juifs à partir du printemps 1942. De par les lois antijuives (pas le droit de prendre le tramway, de circuler en autobus, obligation de faire les course de telle heure à telle heure…), les temps sont durs pour les Frank. Anne et Margot fréquentent le lycée juif.

Le jour de son treizième anniversaire, Anne reçoit un cahier. Elle choisit d'y raconter sa vie au quotidien. A partir de l'année 1942, les Frank vivent dans la clandestinité. Des connaissances leur apportent des vivres et des vêtements. L'arrière de l'entreprise d'Otto abrite en fait une cachette. Mais un appel anonyme en dévoile l'existence. Le 4 août 1944, l'officier SS Karl Joseph Silberbauer supervise l'arrestation des clandestins. Ils sont dirigés au bureau de la police allemande puis transités vers le camp de Westerbork, au nord-est des Pays-Bas. 

Le 3 septembre 1944, Anne Frank et les siens sont acheminés le 3 septembre 1944 vers Auschwitz. A bord du train, plus de 1000 personnes prennent place. Ce voyage dure trois jours. Mais l'enfer ne fait que commencer… Emportée par les mauvaises conditions de vie, Edith s'éteint à Auschwitz en janvier 1945. Anne et sa sœur Margot décèdent le mois suivant du typhus à Bergen-Belsen où elles avaient été transférées deux mois après leur arrivée à Auschwitz.

Otto Frank est le seul survivant de la famille. Le père décide de publier le journal d'Anne. La première édition paraît en juin 1947 sous le titre de l'Annexe. D'autres éditions suivront. Véritable best-seller, le Journal d'Anne Frank sera traduit en 60 langues, et vendu à 30 millions d'exemplaires dans le monde.


 Texte : Mickaël Roussel, avril 2023

230 élèves de CM1-CM2, de 6ème et de 3ème ont visité l'exposition consacrée à la vie d'Anne Frank. La Médiathèque de Loos-en-Gohelle présente dans une approche identique une autre exposition réalisée par l'association Porteurs de voix sur les fondements du livre éponyme de Lili Leignel, survivante de la déportation, et qui s'intitule Moi, Lili Keller-Rosenberg, j'avais votre âge.   

Lili Leignel en avril 2015 à Lille lors d'une interview télévisée. 

Photographie : Mickaël Roussel

Lili Leignel, ni haine ni oubli

Lorsque Lili Leignel raconte son histoire, c'est aussi celle de toute sa famille : le père Joseph Rosenberg, la mère Charlotte Keller, les deux petits frères, Robert et André (respectivement âgés de 9 et 3 ans à l'époque tragique des faits). L'aînée, Lili venait tout juste d'avoir 11 ans quand elle a été arrêtée avec ses proches à Roubaix le 27 octobre 1943. 

Un camion emmène les enfants et leurs parents vers la prison de Loos-lès-Lille. Une captivité de plusieurs jours commence pour se prolonger à la prison de Saint Gilles à Bruxelles puis à la caserne Dossin à Malines en Belgique, plaque tournante de la déportation raciale. Avant-dernière étape d'un cheminement plus horrible encore. Destination Ravensbrück pour la maman et les chérubins. Le papa est lui transféré à Buchenwald où il est assassiné par les nazis quelques jours avant la libération du camp par les Américains en avril 1945…

Lili Leignel vit un long calvaire au camp de Ravensbrück. Une cruauté partagée qui se veut répétitive du matin au soir : lever à 3 heures 30 après une nuit parfois sans sommeil, semblant de toilette à l'eau froide au Waschraum, ersatz de café accompagné d'un morceau de pain en guise de petit-déjeuner, heures d'appel interminables en été comme en hiver… Le surnom de la "petite Sibérie" à Ravensbrück se justifie d'ailleurs par des températures descendant jusqu'à - 30°C ! Quant à la nourriture, à savoir soupes de rutabagas le midi et pain noir le soir, elle s'avère insuffisante et de piètre qualité.

A ces conditions de vie inhumaines s'ajoutent les difficultés liées au travail forcé. En fait de l'esclavagisme au point de faire souffrir la maman physiquement et surtout moralement… Les enfants, eux, vivent "comme des ombres". Après ce long passage à Ravensbrück, Lili, Robert, André et leur mère sont transférés au camp de Bergen-Belsen, véritable mouroir. "C'est un endroit plus sinistre que Ravensbrück. Nous couchions à même le sol. Dans le Block, tout autour, gisent des personnes décédées ou très malades." Une épidémie de typhus s'étant déclarée…

Le 15 avril 1945, les Britanniques délivrent Bergen-Belsen. Lili, Robert et André regagnent la France et passent à Paris à l'hôtel Lutetia, centre d'accueil de déportés. "Nous étions libres mais tristes" rapporte Lili Leignel. "Nous avions quitté maman dans un état désespéré. Et nous étions sans nouvelles de papa." Après avoir été recueillis par une une tante habitant les Deux Sèvres, les enfants sont alors pris en charge dans un préventorium. Le retour inespéré de leur mère qui ne pèse plus que 27 kilos leur redonnera le sens de la vie…


                                    Texte : Mickaël Roussel

Mercredi 29 mars 2023
Décoration

Jules Montaigne, 101 ans, Chevalier de la légion d'honneur

Survivant de la tragédie du Train de Loos, Jules Montaigne a été élevé au grade de Chevalier dans l'ordre de la légion d'honneur. Lilly Leignel, elle-même rescapée de la déportation, a remis au centenaire la décoration ce mercredi 29 mars 2023. Retour sur le parcours du résistant-déporté...  

Jules Montaigne (à droite) au côté de Lili Leignel, le 29 mars 2023. 

Jules Montaigne est né dans le Nord à Wasquehal le 7 septembre 1921. Il étudie à l'Institut catholique d'Arts et Métiers (ICAM) de Lille et obtient un diplôme d'ingénieur en 1942. Il travaille à la Compagnie Saint-Gobain de Wasquehal dans une usine de produits chimiques. Pendant la saison estivale, le jeune-homme se rend utile dans une ferme à Wormhout. Moissonnage du blé, déchargement des charrettes, rentrée du grain… Jules aide aussi des soldats britanniques à regagner la Mère Patrie.

Un jour d'août 1944, rien ne va plus pour Jules Montaigne. Lors d'une opération de représailles, les troupes occupantes l'arrêtent à Wormhout, ainsi que le fils du propriétaire de la ferme, le prêtre Gérard Lescroart (1908-1997). Jules et Gérard sont interrogés à la Kommandantur de Cassel et enfin emmenés à la prison de Loos. Ils sont déportés comme tant d'autres hommes vers l'Allemagne le 1er septembre 1944 au départ de la gare de Tourcoing. Un voyage sans retour pour la plupart des 872 déportés du Train de Loos.  

Jules Montaigne est transféré du camp de Sachsenhausen près de Berlin à Peenemünde, une base d'expérimentation de V1, V2 et missiles anti-aériens, située sur l'île d'Usedom près du port de Karlshagen, au nord-est de l'Allemagne. Il se doit notamment de remettre en état les pistes d’atterrissage au terrain de la Luftwaffe. Début décembre 1944, il est affecté comme tourneur.

Au-delà des persécutions et des mauvaises conditions de vie, Jules survit aux dures épreuves d'une existence sans lendemain. Ou encore de puiser d'ultimes forces dans la prière. Jules trouve la force de réciter en secret  Retenu à Peenemünde jusqu'en avril 1945, Jules s'exécute malgré lui à détruire du matériel allemand. Les derniers prisonniers sont transportés dans une barge le long des côtes de la mer Baltique… En attendant le retour en France.

Pendant plusieurs décennies, Jules n'a eu de cesse de témoigner inlassablement auprès des jeunes générations. De sensibiliser le public scolaire au devoir de Mémoire. Avec une pensée pour les compagnons d'infortune qui ne sont pas rentrés des camps nazis. Agé aujourd'hui de 101 ans, Jules Montaigne est l'un des seuls rescapés vivants du Train de Loos.
                                                                                                                                                                                                                                          Photographie, Amicale du Train de Loos.
                                                                                                                Texte, Mickaël Roussel.

Dimanche 5 mars 2023

Amettes, église Saint-Sulpice

Benoît-Joseph Labre sous les projecteurs

En ce premier dimanche du mois de mars 2023, l'église Saint-Sulpice à Amettes a servi de décor pour l'équipe de l'émission de télévision catholique Le Jour du Seigneur. La messe matinale célébrée par Monseigneur Olivier Leborgne, évêque d'Arras, a été retransmise en direct sur Antenne 2. L'occasion de revenir sur les pas de Saint Benoît-Joseph Labre (1748-1783) qui a vu le jour dans ce petit village des terres du Pas-de-Calais…  

Les préparatifs avant la messe dominicale. Au fond à gauche, la statue du saint patron des pèlerins et des itinérants. 

Portrait de Saint Benoît-Joseph Labre.

Maison natale de Saint Benoît-Joseph Labre à Amettes. C'est dans cette ancienne ferme que Benoît vécut avec ses frères et sœurs. Il la quitta définitivement à l'âge de 21 ans. 

Né le 23 mars 1748 à Amettes, Benoît reçoit le baptême. Fils aîné d'une fratrie de quinze enfants, il étudie chez son oncle et parrain, François-Joseph, curé d'Erin. L'abbé Dufour, vicaire à Ligny-lez-Aire, lui complète sa formation.

Benoît se sent appelé par Dieu. Ses demandes d'admission dans les monastères (les chartreuses Sainte-Aldegonde à Longuenesse et Notre-Dame-des-Près à Neuville-sous-Montreuil, les trappes de Soligny et Sept-Fons) sont rejetées. Le jeune homme s'entend alors répondre : "Dieu vous attend ailleurs". 

30000 ! C'est le nombre de kilomètres parcourus à pied par Benoît Labre de son vivant. La route vagabonde l'amène un peu partout en France, en Allemagne, en Suisse, en Italie, en Espagne. Le pèlerin de Dieu dort là où il peut, dans une grange, un asile.

Benoît se fixe à Rome où il y meurt le soir du 16 avril 1783, chez un boucher charitable, Zaccarelli, après avoir fait un évanouissement dans la matinée sur les marches de l'église Sainte-Marie-aux-Monts. Celui que l'on surnomme le Vagabond de Dieu a été béatifié en 1860 par Pie IX, et canonisé saint en 1881 par Léon XIII.   


Texte et photographies, Mickaël Roussel.

IN MEMORIAM

Du jeune résistant au grand voyageur :

la vie trépidante de Gustave Warchol (1931-2023)


Bien connu à Houdain (Pas-de-Calais) où il demeurait, Gustave Warchol s'est éteint ce jeudi 23 février 2023 dans sa 92ème année. Gustave a voyagé à travers le monde entier dans le cadre de son travail. Engagé dans les actions mémorielles, il a écrit un livre (Espion à 12 ans malgré lui) dans lequel il retrace une partie de sa jeunesse entre 1942 et 1944 durant la Seconde Guerre mondiale. Portrait d'un homme de valeur, épris de liberté et d'humanité… 

Gustave Warchol lors d'un hommage au résistant Julien Hapiot, à Gauchin-le-Gal le 7 juin 2019. 

Fils aîné d'immigrés polonais, Gustave Warchol voit le jour le 21 mars 1931 à La Comté. Il est encore un enfant quand la guerre éclate en septembre 1939. La France est défaite en juin 1940. A l'époque, Gustave habite dans son village natal chez ses parents Joseph et Pélagie. Les Allemands occupent le nord de la France. Ils préparent la construction à La Comté de hangars à des fins militaires dans la colline. Leur objectif est de stocker des V1. Hitler projette en effet l’utilisation des armes de la dernière chance contre les Alliés…

Alors que le grand garçon, son petit-frère Joseph et un copain parcourent les sous-bois, ils s'amusent à poser des collets pour attraper les lapins. Cachés derrière les arbres et buissons, les trois camarades observent en toute discrétion l’activité des Allemands.

Tout intrigué, le maire du village (qui avait rejoint les rangs de la Résistance) interpelle Gustave :  "Eh tiot ! Peux-tu me dire ce que les Allemands sont en train de construire dans les entrailles ? Cela m’inquiète beaucoup". Gustave lui explique alors en détails ce que les Allemands mijotent. 

Gustave esquisse alors un croquis pour situer leur emplacement. O combien précieuses ces informations transmises aux Anglais par l’intermédiaire de pigeons voyageurs ! La réalité est qu’aucune rampe de lancement n'est prête à l’emploi et qu’un seul hangar est quasi construit. Est-ce que cela vaut la chandelle aux Anglais de venir bombarder le site des hangars ? Surtout qu’à proximité, l’usine de Beugin emploie environ 600 ouvriers. Ainsi, un bombardement aérien aux conséquences désastreuses est évité de justesse

Gustave participe également avec son petit frère au sauvetage de deux aviateurs canadiens. La peur au ventre ! Des affiches allemandes mettent en garde contre toute action en ce sens. La peine de mort pouvant être requise. Pour la petite histoire, la voici… Un jour de juin 1944, Gustave et Joseph croisent sur leur chemin deux malheureux aviateurs. L’un étant sérieusement blessé… Pélagie, la maman de Gustave accepte de les recueillir et de les soigner à la maison. A leurs risques et périls !

Après la guerre, Gustave Warchol travaille un temps à l’usine de céramique à Beugin. Il effectue au cours de sa carrière professionnelle comme chef de chantier plusieurs séjours à l'étranger. De la Yougoslavie de Tito à l’Inde. En passant par l’autre bout du monde (Afrique, Thaïlande, Corée du Sud, Brésil, Venezuela…). Une rencontre inoubliable est celle, à Cuba en 1960, du Che Guevara, le légendaire révolutionnaire.

Gustave laisse un récit autobiographique, témoignage d'une vie trépidante dans des pays magnifiques. C'est aussi l'histoire mouvementée et incroyable d'un garçon de 12 ans qui, sans le savoir, faisait de l'espionnage au nez et à la barbe de l'occupant allemand... 

Gustave Warchol (au côté de Mickaël Roussel), à la Bibliothèque de Houdain le 19 mars 2019, lors d'une séance de dédicaces pour son livre Espion à 12 ans malgré lui.

Texte et photographies, Mickaël Roussel

Vœux du Nouvel an

Quel bel oiseau dirons-nous ! 

Le nicobar à camail (CALOENAS  NICOBARICA) est reconnaissable à son plumage exceptionnel avec des variantes de couleurs entre bleu et vert. De la classe des oiseaux, il doit son nom aux Îles Nicobar où il est natif dans le nord-est de l'Océan Indien.

Communément appelé pigeon de Nicobar, il se nourrit principalement de fruits, de graines et d'insectes. Un peu plus grand que le pigeon ramier, il ne pèse tout au plus 600 grammes et peut vivre jusqu'à vingt ans. Mais les chasseurs et les prédateurs (chats, rats) représentent un danger immédiat pour cet espèce quasi-menacé. 

Photographie et conception : Mickaël Roussel

Commémoration de l'armistice de 1918

Arras, 11 novembre 2022

Souvenir des Morts pour la France :
un engagement toujours présent 

Un long cortège, des drapeaux de toutes les couleurs, des symboles, des fleurs… et aussi de nombreux enfants des écoles d'Arras et leurs parents venus exprimer une reconnaissance envers les anciens combattants, victimes de guerre, et ceux qui sont morts pour la France*… C'est sous le signe de l'optimisme que s'est déroulée la commémoration de l'armistice du 11 novembre 1918, qui 104 années plus tôt avait mis fin à l'un des conflits les plus meurtriers de l'Histoire. La Grande Guerre était passée en Artois…

Le cortège emmené par les porte-drapeaux s'est étiré de la Place du Maréchal Foch vers la Place des Héros. Les jeunes de La Préparation militaire marine (PMM) Commandant Ducuing d'Arras ont également défilé dans les rues de la ville.    

(*La loi du 28 février 2012 fixe au 11 novembre la commémoration de tous les morts pour la France.)

Oui nous nous souviendrons des Poilus qui ont combattu pendant la Première Guerre mondiale au côté des Alliés pour que vive la France. Leur sacrifice et leur bravoure n'auront pas été vains. C'était le message du Préfet du Pas-de-Calais Jacques Billant qui a rappelé le lourd bilan de "quatre années de combat" de 1914 à 1918 : 1 500 000 soldats français morts, 4 000 000 militaires blessés, mais aussi des veuves et des orphelins qui se comptent par milliers… Comme si le mot guerre n'était pas suffisant à lui seul pour évoquer tant de souffrances et de malheurs, et qui pourtant restent d'actualité avec les événements en Ukraine depuis février 2022.

La cérémonie s'est clôturée à la salle des fêtes de l'Hôtel de Ville. Le Préfet a salué la présence de la rectrice de l'Académie de Lille. De son côté, Valérie Cabuil s'est déclarée "très optimiste" vis-à-vis de l'engagement des jeunes dans le travail de Mémoire. "C'est ensemble sur le terrain qu'on construit l'avenir. Arras, pour ça c'est formidable". Des mots qui résonnent comme autant de bonnes volontés à mettre à contribution pour la paix dans le monde.

Dans le cortège… On reconnaît sur la photographie l'ancien maire d'Arras Jean-Marie Vanlerenberghe, la rectrice de l'Académie de Lille, Valérie Cabuil (au centre), suivie du maire actuel Frédéric Leturque et du préfet du Pas-de-Calais, Jacques Billant.  

Le cortège a terminé sa course sur la Place des Héros. 

Le Royal Briti​sh Legion (branche du Nord-Pas-de-Calais) a déposé une couronne de coquelicots au pied de la stèle des Héros. Non sans rappeler le sacrifice des combattants anglais au cours de la Première Guerre mondiale, notamment sur les terres d'Artois.  

Texte et photographies : Mickaël Roussel, novembre 2022

IN MEMORIAM

Survivant de la déportation, Marcel Houdart a rejoint pour l'éternité "ceux du Train de Loos"...

Déporté par le "Train de Loos" en septembre 1944 pour faits de résistance, Marcel Houdart a survécu à l'enfer des camps de concentration. Natif de Nœux-les-Mines dans le Pas-de-Calais, le rescapé s'est éteint le samedi 28 mai 2022 dans sa 98ème année… 

Marcel Houdart lors d'une intervention pédagogique à Nieppe en novembre 2018. Photographie : Mickaël Roussel.

Marcel Houdart voit le jour le 29 juin 1924 à Nœux-les-Mines. Il n'a pas encore seize ans quand la France défaite signe l'armistice en 1940. Le jeune homme travaille dans sa ville natale comme chaudronnier aux ateliers centraux des mines. Remarqué par Alexandre Dhesse, chef FTP sur le secteur d'Hersin-Coupigny et environs (fusillé à Arras le 18 juin 1944), Marcel entre dans la Résistance. Il glisse "des tracts sous les portes des habitations", sabote des pylônes électriques, répand des tripodes sur les routes… Il est arrêté au domicile des parents à Nœux-les-Mines avec son frère Jean, également résistant. Le patriote se retrouve seul à l'isolement dans une cellule à la prison de Cuincy (près de Douai). Il subit interrogatoires musclés, coups de nerf de bœuf, provocations et menaces : "Tu es un sale terroriste communiste. Tu seras fusillé".

Marcel devait-être transféré à Aix-la-Chapelle "pour être guillotiné"... Le destin lui aura épargné un châtiment aussi funeste. Il est déporté par le "Train de Loos" au départ de la gare de Tourcoing le 1er septembre 1944. "A 17 h 30, le train s'en va avec plus de 870 passagers." Le convoi prend la direction de la Belgique. Marcel certifie que plusieurs prisonniers s'évadent pendant le trajet… malgré des avertissements de représailles. Le 3 septembre, le train s'arrête à Cologne. "On nous emmène comme des guignols. Et nous dormons sur le macadam."

7 septembre 1944. Marcel franchit le portail du camp de Sachsenhausen (près de Berlin). Et cette devise "Arbeit macht frei" sans savoir ce que cela signifie. En fait une exploitation par le travail forcé. Sans parler des privations, brimades et humiliations en tout genre (déshabillage, mise à nu…) et les coups de matraque en caoutchouc. "Tous ont droit au goumi, notre tasse de thé." Il décrit les Kapos (prisonniers de droit commun qui secondent les SS) comme étant "des hommes pires que les chiens féroces du camp".

Les prisonniers reçoivent des loques pour habits. "Nous sommes vêtus pauvrement." Les godasses désignent les "chaussures de déportés" que Marcel se doit de réparer, une fois la quarantaine écoulée, dans un petit atelier du camp. Et d'expliquer que "les Allemands avaient besoin de bras".

Le climat expose les déportés au froid continental. Marcel souffre bientôt d'une pleurésie. Le matricule 97726 entre alors au Revier (infirmerie) et surmonte la maladie grâce au bon vouloir de deux médecins. Mais un autre travail l'occupe à "laver la gamelle des morts". Et d'inscrire au crayon à l'encre toutes sortes de symboles : "dents en or à récupérer"… Ce qui lui vaut des rations de soupe supplémentaires.

Au mois d'avril 1945, les Allemands évacuent le camp de Sachsenhausen. Ils sont plusieurs à accomplir à pied les "marches de la mort" sur des dizaines de kilomètres vers la mer Baltique. Tels des fugitifs en perdition avec pour seule nourriture des orties et pissenlits. "Le jour du 8 mai 1945, on entend les canons. Nos gardiens nous arrêtent dans un bois…" Libres mais au prix de continuelles souffrances. Marcel est laissé pour mort dans un fossé. Avant de reprendre connaissance à moitié vivant. Il ne pèse que 33 kilos tout au plus ! Son retour en France tient presque du miracle…

Jusqu'au bout de son existence, le rescapé a essayé de "vivre comme un garçon de vingt ans". Et il a laissé de nombreux témoignages auprès des jeunes générations. Marcel Houdart a écrit un livre dans lequel il raconte son calvaire au nom de ses camarades de résistance et de déportation. Pour que vive la Mémoire…


Texte : Mickaël Roussel, mai 2022.

Page de couverture du livre de Marcel Houdart,
Des Nœuxois dans la Résistance et la Déportation

"CEUX DU TRAIN DE LOOS"

Illustration : Marcel Houdart.

Journée nationale de la Résistance

Arras, vendredi 27 mai 2022

Dans un esprit de résistance...

Instaurée par la loi du 19 juillet 2013, la Journée nationale de la Résistance est commémorée en France le 27 mai en souvenir de la première réunion du Conseil national de la Résistance qui, 79 ans plus tôt à Paris sous l'occupation allemande, avait rassemblé sous l'égide de Jean Moulin les représentants des principaux mouvements de Résistance, des partis politiques et syndicats d'avant guerre dans le but de coordonner l'action de la Résistance.  

A l'occasion du 79ème anniversaire, l'ANACR (Association nationale des anciens combattants et ami(e)s de la Résistance a déploré "une réalité du monde contemporain", à savoir notamment, "le racisme" et "la barbarie"... 

Dépôt de gerbes devant la stèle Jean-Moulin à Arras. 

Les lundis de la Mémoire

Du 10 janvier au 2 mai 2022

Une série de visioconférences sur le thème des "déportations en héritage"

Aussi tragique soit-elle, l'histoire des déportations laisse un héritage, celui de la transmission de la Mémoire auprès des jeunes. Mais qu'en est-il réellement aujourd'hui de la donne, plus de quatre-vingts ans après les faits ? Cette année, le Centre de recherche psychanalyse, médecine et société (CRPMS) de l'Université de Paris-Diderot, l'Université de Lille et l'Association des amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation du Nord (AFMD - DT 59) ont proposé une réflexion autour de la construction des mémoires des déportés depuis le Nord - Pas-de-Calais pendant la Seconde Guerre mondiale sous la forme de visioconférences gratuites pour tous. 

Les visioconférences ont été programmées les lundis soirs, une fois tous les quinze jours.

La spécificité de la région Nord - Pas-de-Calais sous l'Occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale était sa situation en "zone rattachée", autrement dit rattachée au Commandement militaire allemand de Bruxelles. Elle fut donc une plaque-tournante de la déportation, du départ du Train des Mineurs en juillet 1941, au départ du Train de Loos depuis la gare de Tourcoing en septembre 1944. 

Parmi les nombreux intervenants, Odile Louage (présidente de l'association Souvenir de la Résistance et des Fusillés du Fort de Bondues, et présidente de la Délégation du Nord des Amis de la Fondation de la Mémoire de la Déportation) souligne à travers ces réunions "une vision de la déportation tout à fait historique" et dénonce "ce qui a été fait"... Il en ressort au final une histoire plus humaine sans instrumentalisation, et surtout plus proche des victimes du système concentrationnaire nazi parmi les déportés de persécution (juifs et tziganes) ou de répression (résistants notamment). 


Les témoignages des rescapés tout comme les travaux des historiens restent essentiels pour comprendre cette tragédie. En référence bibliographique, le Livre des 9000 déportés de France de Mittelbau-Dora présenté par Laurent Thiery (historien au Centre d'histoire et de mémoire La Coupole à Wizernes) est l'accomplissement d'un projet collectif abouti en 2020, et fruit d'un "travail gigantesque" d'une équipe de 72 bénévoles composée d'enseignants, de chercheurs er d'archivistes. Laurent Thiery évoque en particulier une "extermination par le travail" (qui n'est pas une notion nouvelle) liée aux conditions de détention…

Texte : Mickaël Roussel, mai 2022.

Journée nationale du Souvenir de la Déportation

Dimanche 24 avril 2022

La Mémoire ou "l'espoir pour l'avenir"

La loi du 14 avril 1954 instaure la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation. Cette journée mémorielle est commémorée le dernier dimanche d'avril. Cette année, la cérémonie a été avancée dans bon nombre de communes de France, comme à Saint-Nazaire, Saint-Malo, Périgueux ou Arras en raison du deuxième tour de l'élection présidentielle. A l'heure où les résultats n'étaient pas tombés, le rappel à la Mémoire collective prenait un sens encore plus symbolique avec les événements actuels qui déchirent l'Ukraine depuis l'invasion russe en février 2022... 

Face à "la résurgence d'idéologies porteuses d'exclusions" et aux "tentatives de réécriture de l'Histoire", les associations en lutte contre l'oubli (FNDIRP, FMD, UNADIF - FNDIR) insistent sur la nécessité de poursuivre le combat des survivants de la Déportation "dans un monde marqué par les guerres, la pauvreté, les inégalités, le dérèglement climatique, qui jettent sur les routes d'un exil souvent sans issue et mortifère, des milliers d'êtres humains en détresse"...

Dépôt de gerbes lors de la commémoration de la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation au Mur des fusillés à Arras, vendredi 22 avril 2022. Au centre sur les deux photographies, Nelly-France Ducatel, présidente de l'association des Déportés, internés et ayants-droit de la Résistance au niveau départemental (Pas-de-Calais). 

Commémoration à Harnes, Dimanche 28 avril 2019. 


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